Evry, France: Procès des exorcistes

Des sévices corporelles subies sur une jeune femme camerounaise dans un appartement en banlieue parisienne, à Grigny dans la nuit du 5 au 6 mai 2011. Nous avions déjà rapporté cet événement. Les pages de la Revue adventiste de juin 2011 ainsi que le BIA (bulletin d’information adventiste) avaient dénoncé ces faits avec deux communiqués de presse transmis aux journalistes chargés de l’information religieuse dans les médias, sans oublier les interviews accordées à certains d’entre eux.
Le temps du procès
Voici venu aujourd’hui le temps du procès au tribunal de l’Essonne. Les 4 prévenus sont devant la Cour d’assises à salle 3 du Tribunal de grande instance d’Evry : le « prophète » et sa mère et deux autres personnes dans une cage de verre avec 5 gardiens. Ces personnes d’origine antillaise, se disent membres adventistes et du même coup un observateur peut s’interroger sur les actes et les croyances enseignées par cette Église qui suscite de tels exorcistes.
Ce fut notamment le cas de la chaine TV France 0 dont le journal télévisé est bien apprécié dans les territoires et les départements d’Outre Mer. Le pasteur adventiste Sean Dowding ancien responsable de l’Église de Paris-Est avait connu trois de ces personnes.
Anciens membres adventistes
Elles avaient bien été membres de l’Église adventiste du septième jour de Paris-Est, à la rue du Faubourg Poissonnière. Elles en ont été exclues bien avant de commettre leur délit. Le problème est qu’elles utilisent toujours le nom « adventiste » comme d’un label alors qu’elles ne fréquentaient plus l’Église depuis plusieurs années, avant et après leur exclusion.
Baptisé en 2007, le jeune Eric Derond s’est autoproclamé prophète en 2008 et il est entendu plusieurs fois par la communauté et par le Conseil d’Église. En juin 2010, l’Église se prononce et il est ainsi exclu de la communauté locale.
Il n’est resté que trois années membre adventiste. D’autres personnes l’ont suivi et sont restés peu de temps inscrits comme membres. C’est même le cas de la victime, Antoinette, et d’un autre prévenu, Philippe Greco.
Toutes les dénominations chrétiennes ont une profession de foi, des pratiques et des comportements qui découlent de la foi en Jésus-Christ, en Dieu et en l’Esprit Saint. L’Église adventiste n’échappe pas à cette règle et elle s’honore d’avoir des croyances fondamentales enracinées dans les Évangiles et les textes bibliques. À ces croyances s’ajoutent une profession de foi que les nouveaux membres prononcent publiquement, devant l’Église, au moment de leur baptême par immersion.
Au cours de son cheminement et de sa croissance spirituelle, un membre peut aisément évoluer, renier sa foi et abandonner son engagement. L’organisation adventiste affirme clairement dans son règlement : « Nous reconnaissons que la vraie religion est fondée sur la conscience et la conviction. En conséquence, nous veillons à ce qu’aucun intérêt égoïste ou avantage temporel ne poussent une personne à se joindre à notre communauté et à ce qu’aucun lien ne retienne un membre de notre Église à adhérer à une croyance ou à une conviction qui lui permette, par ce moyen, de trouver une relation authentique avec le Christ.
Si un changement de conviction conduit un membre de notre Église à ne plus se sentir en harmonie avec la foi adventiste, nous lui reconnaissons non seulement le droit mais aussi la responsabilité de changer son affiliation religieuse en fonction de ses convictions, sans qu’il ait, pour cela, à subir l’opprobre.
 » (GC Working Policy, 2004-2005, p. 496).
La sentence du tribunal
Comme l’affirma le président de la Cour d’assises le vendredi 11 octobre à 11h 45 : les jurés doivent réfléchir et répondre à ces questions :
– Y a-t-il eu séquestration ?
– Cette séquestration a t’elle été accompagnée d’actes de barbarie ?
Les jurés sont sortis pour délibérer. La Cour s’est levée. La salle s’est progressivement vidée. Chacun pensait que le verdict allait tomber dans quelques heures… 8 à 12 ans de prison réclamait l’avocat général…
À la reprise, la Cour prononça l’arrêt. Elle a retenu la séquestration mais pas le chef d’accusation d’actes de torture ou de barbarie.
La peine la plus lourde a été prononcée à l’encontre d’Eric Derond, considéré comme le meneur de cette affaire. Il s’était autoproclamé « prophète ».
Philippe Greco et Lise-Michelle Babin, la mère de Eric Derond, ont écopé de 5 ans de prison dont un an avec sursis. Lionel Fremor, de son côté est condamné à trois ans ferme. Les accusés ont déjà passé deux ans et cinq mois en détention provisoire.
« J’aurais aimé que ce que l’avocate générale avait demandé soit exécuté, parce que je pense que ce sont des individus dangereux, surtout Eric Derond », a déclaré Antoinette juste après le verdict. « C’est une décision insuffisante au regard de ce que j’attendais. Qu’on ne retienne pas la torture me gêne beaucoup », a ajouté Me Christophe René, l’avocat de la famille de la victime.
L’Église adventiste et l’exorcisme
L’Église ne pratique pas de tels actes d’autant qu’aucun pasteur n’entre dans cette mouvance. La terminologie du mot « exorcisme » et son exercice pratique relèvent de la tradition catholique comme cela est étudié par les séminaristes lors de leurs études de théologie.
Ce n’est pas le cas dans l’Église adventiste du septième jour même si les récits des évangiles montrent que Jésus guérissait les malades et chassait les démons.
Depuis l’époque biblique jusqu’à nos jours, la science médicale a fait bien des progrès dans différents domaines. Les adventistes le savent alors qu’ils ont une œuvre médical avec l’établissement d’hôpitaux, de cliniques et de dispensaires dans le monde. L’université de médecine de Loma Linda reste à la pointe de la recherche dans le traitement du cancer. Elle est aussi le centre le plus performant pour les transplantations cardiaques des nouveau-nés et des nourrissons (plus de 60 cas à ce jour, avec 80 % de survie). Des équipes pluridisciplinaires, notamment en cardiologie, font des séjours dans différents pays du monde (Russie, Chine, Moyen-Orient, etc.) pour former des professionnels nationaux aux techniques avancées.
Dans des cas particuliers et dans certains territoires, des missionnaires sont amenés à découvrir des situations spécifiques de possessions. Dans son approche pastorale, le pasteur est appelé à prier pour la personne en présence de deux ou trois témoins, souvent des anciens de l’église locale. Pendant ce temps, les membres de la paroisse sont incités à intercéder par la prière et parfois par le jeûne. Mais dans aucun cas, les membres laïcs sont appelés à se substituer à cet acte si particulier.
Les adventistes n’ont pas la réputation d’utiliser ou de disposer du don de chasser des démons. Cette orientation ne figure ni dans leur Manuel d’église, ni dans le Manuel pastoral et n’est pas enseignée dans leurs universités ou dans leurs facultés de théologie dans le monde.
Source : BIA/JPB/ 11 octobre 2013

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